Sécurité maritime en Afrique : Le naufrage du Ferry Esther Miracle, un appel urgent à des réformes structurelles

Libreville, le 9 Mars 2025

Deux ans après le naufrage du Ferry Esther Miracle, qui a endeuillé le Gabon, les leçons de ce drame résonnent bien au-delà des frontières nationales. Cette catastrophe met en lumière des enjeux cruciaux pour la sécurité maritime en Afrique et interpelle les organismes internationaux sur l’urgence de renforcer la réglementation et les capacités de sauvetage dans la région.

Un drame révélateur des failles de la sécurité maritime en Afrique

Le naufrage du Ferry Esther Miracle s'inscrit dans une série de tragédies maritimes ayant frappé le continent ces dernières années. À l’image des catastrophes survenues en Tanzanie (MV Nyerere, 2018) ou au Sénégal (Le Joola, 2002), cet événement rappelle la vulnérabilité persistante des transports maritimes africains face à des normes de sécurité insuffisantes et à un encadrement institutionnel parfois défaillant.

Selon l’Organisation Maritime Internationale (OMI), les risques en Afrique subsaharienne sont exacerbés par plusieurs facteurs :

Le non-respect des normes de navigabilité, avec des navires vétustes souvent mal entretenus ;

Le surchargement fréquent, conséquence d’un manque d’alternatives de transport fiables ;
L’absence de systèmes de surveillance et de réponse rapide aux urgences maritimes ;

Une coordination limitée entre les États pour les opérations de secours en mer.

Un tournant pour la coopération internationale en matière de sauvetage maritime

Lors de la cérémonie d’hommage aux victimes, le Lieutenant de Vaisseau Manfoumbi Mengara Crépin, alors commandant du navire MAYUMBA, a livré un témoignage poignant sur les opérations de sauvetage. Il a souligné la nécessité d’améliorer l’interopérabilité entre les forces navales, la Croix-Rouge et les services de secours civils pour maximiser les chances de survie en cas de catastrophe.

Ce constat interpelle directement les organisations internationales telles que l’OMI, l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et l’Association Internationale de Signalisation Maritime (AISM). Un renforcement des dispositifs d’alerte précoce, des protocoles de réponse et des infrastructures de sauvetage s’impose pour réduire le nombre de victimes lors d’accidents en mer.

Vers une refonte des politiques de sécurité maritime en Afrique

Le Ministre des Transports et de la Marine marchande, Jonathan Ignoumba, est sur une série de réformes qui renforcera la sécurité en mer. Cependant, pour qu’elles soient réellement efficaces, ces mesures doivent s’inscrire dans une dynamique continentale et bénéficier du soutien des organismes internationaux. Parmi les pistes évoquées :

L’intégration du Gabon dans les programmes de surveillance maritime régionaux, comme le Centre Interrégional de Coordination de Yaoundé, qui lutte contre l’insécurité maritime dans le Golfe de Guinée.

Le déploiement d’équipements de secours modernisés, notamment des balises de détresse et des canots de sauvetage conformes aux standards internationaux.
Le renforcement des contrôles techniques sur les ferries et la mise en place d’une certification stricte pour les compagnies maritimes.

L'amélioration de la formation des équipages aux procédures de gestion de crise et aux techniques de sauvetage avancées.

Un engagement nécessaire pour éviter une nouvelle tragédie

Le drame du Ferry Esther Miracle doit servir de catalyseur pour une action concrète et durable. L’implication des Nations Unies, de l’Union Africaine et des bailleurs de fonds internationaux est essentielle pour accompagner le Gabon et les pays côtiers africains dans cette transformation.

Deux ans après, la mémoire des victimes impose une responsabilité collective : celle de faire de cet événement un tournant décisif pour la sécurité maritime en Afrique.